Le gouvernement colombien et les rebelles marxistes des FARC ont signé mercredi un accord de paix définitif qui devrait permettre à la Colombie d’accélérer sa croissance économique après une guérilla de plus d’un demi-siècle.
Dans un communiqué commun lu par les représentants de Cuba et de la Norvège, les deux pays qui ont servi de médiateurs dans les discussions, les deux parties ont annoncé à Cuba être parvenues à un accord pour mettre fin au conflit et construire une paix durable.
L’accord a ensuite été signé par les négociateurs en chef du gouvernement et des rebelles.
Le président américain Barack Obama a immédiatement appelé le président colombien Juan Manuel Santos pour le féliciter.
Cet accord historique prévoit la démobilisation des Forces armées révolutionnaires de Colombie qui se sont opposées aux gouvernements colombiens successifs. La guerre civile en Colombie a fait au moins 220 000 morts, 40 000 disparus et des millions de déplacés fuyant les violences.
Plus d’un quart des 47 millions de Colombiens ont souffert d’une manière ou d’une autre de la guerre qui opposait, jusqu’à il y a peu, les rebelles, les groupes paramilitaires d’extrême droite et l’armée gouvernementale.
L’accord conclu à La Havane doit maintenant être avalisé par un référendum. Le plébiscite, selon le terme employé en Colombie, aura lieu le 2 octobre prochain, a annoncé le président Santos lors d’un discours retransmis à la télévision peu après la signature de l’accord.
Les Colombiens voteront sans doute « oui », à en croire la plupart des sondages d’opinion, mais le président devra faire campagne pour convaincre, compte tenu du refus de certaines parties de la société colombienne qui estiment que la seule solution est d’écraser les FARC militairement. Les deux prédécesseurs de Juan Manuel Santos, Andrés Pastrana et Alvaro Uribe, y sont notamment opposés.
Les précédentes négociations, menées au moment où le président Pastrana était au pouvoir, entre 1999 et 2002, ont capoté après le détournement d’un avion par la guérilla.
Relance économique
Fin juin, le gouvernement colombien et les FARC avaient signé un cessez-le-feu qui prévoyait comment les FARC allaient déposer leurs armes.
Depuis lors, les discussions se sont concentrées sur les modalités de la participation des rebelles à la politique, la réintégration des combattants dans la vie civile et les modalités de supervision des accords par la communauté internationale.
La paix avec les FARC ne garantit forcément la fin des violences en Colombie. Les discussions séparées entre les rebelles de l’autre groupe de guérilla marxiste, l’Armée de libération nationale (ELN), et le gouvernement colombien ont tendance à s’enliser. En outre, les gangs issus des groupes paramilitaires d’extrême-droite auraient repris une partie du trafic de drogue qui finançait les FARC.
La paix retrouvée devrait permettre à la Colombie de développer ses investissements, notamment dans les zones rurales et dans son secteur touristique à fort potentiel.
Les FARC sont nées, comme nombre d’autres insurrections paysannes inspirées par le marxisme en Amérique latine dans les années 1960, de la colère face à de profondes inégalités socio-économiques.
Financées par le trafic de cocaïne et les enlèvements, les Farc ont un moment atteint les 17 000 membres. Mais, alors que les autres insurrections d’Amérique latine ont été écrasées ou ont rejoint les circuits politiques traditionnels dans les années 1990, les FARC se sont maintenues.
Leur position de force a commencé à vaciller sous la présidence d’Alvaro Uribe qui a lancé en 2002 une contre-insurrection financée par les États-Unis qui a tué de nombreux dirigeants du mouvement et éclairci ses rangs. Ses effectifs étaient alors estimés à 7000 combattants.
Dans le cadre des accords déjà conclus à Cuba, les auteurs des crimes les plus graves seront soumis à une « justice transitionnelle » visant davantage à faire éclore la vérité de ce qui s’est passé qu’à des sanctions administratives sévères.