Le second auteur de l’attaque contre l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), au cours de laquelle un prêtre a été tué, a été formellement identifié jeudi comme étant Abdel-Malik Nabil Petitjean, a appris Reuters de source judiciaire.
Âgé de 19 ans, il était fiché « S » pour sa radicalisation depuis un mois, dit une source proche du dossier.
Des policiers pensent qu’il s’agit de l’homme dont la photographie a été diffusée vendredi à tous les services français, dont le renseignement, comme étant prêt à participer à un attentat, selon des sources policières.
« Après comparaison ADN, il apparaît que le second terroriste est identifié comme étant Abdel-Malik Nabil Petitjean, né le 14 novembre 1996 à Saint-Dié-des-Vosges », en Lorraine, a indiqué une source judiciaire. Il résidait à Aix-les-Bains (Savoie).
Sa carte d’identité avait été retrouvée au domicile d’Adel Kermiche, l’autre auteur de l’attaque commise mardi et revendiquée par l’État islamique.
Une fiche « S » pour radicalisation avait été émise à l’encontre d’Abdel-Malik Nabil Petitjean le 29 juin dernier, après un signalement de la Turquie, qui l’avait repéré quelques semaines plus tôt sur son territoire, apprend-on de sources proche du dossier et policières.
Environ 10 500 personnes font l’objet d’une fiche « S » en France pour leur lien avec la mouvance islamiste, indiquait en décembre le Premier ministre Manuel Valls.
Des policiers font par ailleurs le rapprochement avec la photographie diffusée vendredi par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), et qui faisait état d’une « menace contre le territoire national », ajoutent ces sources.
Un rapprochement qu’ils font notamment après avoir visionné une vidéo de l’Amaq, l’agence de communication de l’État islamique, dans laquelle deux hommes présentés comme les assaillants de l’église prêtent allégeance à son chef, précisent-elles.
La note de l’UCLAT, révélée par RTL, faisait état d’une information « fiable » selon laquelle l’individu photographié se trouverait en France et serait « prêt à participer à un attentat sur le territoire national », seul ou avec d’autres, explique une source policière.
Quatre gardes à vue
« La date, la cible et le modus operandi de ces actions sont pour l’heure inconnus », ajoutait l’UCLAT, qui appelait les services à transmettre toute information pouvant permettre son identification.
L’individu, pour lequel les services ne disposaient que d’une photographie, sans autre indication sur son identité, a été « cherché sans relâche », dit une source proche du dossier.
Trois personnes de l’entourage d’Abdel-Malik Nabil Petitjean ont été placées en garde à vue mercredi, a-t-on appris de source judiciaire.
Un mineur de 16 ans interpellé mardi dans le cadre de l’enquête était toujours en garde à vue jeudi, a-t-elle précisé.
Ce jeune avait été assigné à résidence en fin de semaine dernière dans le cadre de l’état d’urgence, a fait savoir le ministre de l’Intérieur, selon qui les premiers éléments de l’enquête laissent penser qu’il n’a aucun lien avec l’attaque de l’église.
Né en Algérie, ce jeune homme est le frère cadet d’un individu parti vers la zone irako-syrienne le 20 mars 2015 avec les papiers d’identité du premier tueur de l’église, Adel Kermiche, a indiqué le procureur de Paris, François Molins.
Adel Kermiche, 19 ans, était originaire de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). Aucune condamnation ne figurait sur son casier judiciaire mais il était connu de la justice antiterroriste pour avoir tenté à deux reprises de gagner la Syrie en 2015.
Après avoir passé dix mois en détention provisoire, il avait été placé en mars dernier sous contrôle judiciaire, avec assignation à résidence sous surveillance électronique, contre l’avis du parquet. Au moment des faits, il était porteur d’un bracelet électronique qui l’autorisait à sortir en semaine de 08H30 à 12H30. L’attaque a eu lieu vers 09H25 mardi.
Treize djihadistes présumés – mis en examen ou condamnés – sont actuellement surveillés en France à l’aide d’un bracelet électronique.
On ignore pour l’instant comment les deux hommes, qui se revendiquaient de l’État islamique, se connaissaient.
Ils ont été abattus mardi par les forces de l’ordre après avoir tué à l’arme blanche un prêtre et gravement blessé un fidèle dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray.