La valeur boursière de Nintendo continue son vol stratosphérique suite à la parution du jeu pour téléphones intelligents Pokémon Go. Suite à une hausse de 9,3 % après le lancement du titre la semaine dernière, le cours des actions de l’entreprise a bondi de 24,52 %, lundi matin, lors de sa plus forte progression en une journée depuis 1983. Au total, la valeur de l’entreprise a gagné 7,5 milliards $ US sur les marchés.
Comme le rapporte le média web The Verge, le jeu se retrouve aussi en tête des palmarès des téléchargements d’applications aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Selon certains chercheurs, le titre aurait également déjà été installé sur 5 % de tous les appareils roulant sous Android aux États-Unis.
Il s’agit d’un coup particulièrement réussi pour Nintendo, mais il est important de rappeler que le jeu n’a pas été développé, ni n’est sous l’entière supervision de la compagnie japonaise. L’application a été créée par Niantic, un développeur de jeux s’appuyant sur la réalité augmentée qui a été cédée par Google en octobre 2015, et le jeu a été développé en collaboration avec la Pokémon Company. Nintendo détient des parts de ces deux entreprises (la Pokémon Company reçoit d’ailleurs environ 30 % des revenus de Pokémon Go, mentionne le Financial Times), mais l’application est gratuite. Les revenus de Nintendo sont générés par des microtransactions offertes à l’intérieur du jeu.
Selon un analyste, Pokémon Go devra générer de 140 à 196 millions $ US en revenus par mois pour avoir un impact significatif sur les profits de Nintendo. Mia Nagasaka, chez Morgan Stanley, a confié à CNBC que Pokémon Go pourrait avoir engrangé entre 3,9 et 4,9 millions $ US lors de sa première journée de disponibilité, ce qui porte à croire que le jeu devra sans doute demeurer constamment en tête des palmarès pour continuer d’apporter des revenus en quantité suffisante.
La question essentielle concerne donc l’impact à long terme de Pokémon Go. Tim Culpan de Bloomberg a établi des comparaisons entre le lancement du jeu et la sortie de la console Wii en 2007, cette dernière aidant la valeur boursière de l’entreprise à bondir, avant de retrouver un taux plus normal deux années plus tard. Le lancement d’une nouvelle console va toutefois alimenter la croissance pendant plus longtemps, ajoute M. Culpan, qui croit que la performance d’un jeu mobile comme Words With Friends – qui fonctionne très fort pendant quelques semaines seulement – est plus réaliste lorsque vient le temps d’établir une comparaison.
Pokémon Go a certainement du potentiel. Le jeu fait partie de l’une des franchises les mieux connues et les plus appréciées du monde, et sa popularité actuelle ne lui vient que d’un lancement dans trois marchés seulement. Les lancements du jeu dans d’autres marchés, comme la Grande-Bretagne, ont été retardé, puisque les serveurs de Niantic peinent à suivre la demande. Il serait sans doute également possible de créer une expérience encore plus riche.
Cela dit, l’incapacité de Niantic à garder le rythme face à l’afflux des joueurs n’est pas encourageant. Et si ceux-ci sont heureux avec le jeu pour l’instant, si de nouvelles fonctionnalités ne sont pas ajoutées, seront-ils nombreux à demeurer fidèles au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois?
Pokémon Go révèle l’ampleur du marché mobile potentiellement exploitable par Nintendo, un domaine que la compagnie a fui comme la peste depuis des années. D’autres titres pour téléphones intelligents devraient être lancés plus tard cette année, mais l’entreprise doit d’abord prouver qu’elle peut générer de l’intérêt – et des profits – à long terme.