Craig Wright, l’Australien se targuant d’avoir inventé le bitcoin, tente de bâtir un portfolio d’envergure autour de la devise numérique et de la technologie sous-jacente à celle-ci, selon ses associés et des documents examinés par Reuters.
Depuis février, M. Wright a déposé plus de 50 demandes de brevet en Grande-Bretagne via l’entreprise EITC Holdings. Une source au fait du dossier a confirmé que l’entreprise en question était effectivement liée à M. Wright, selon des documents gouvernementaux.
Des entrevues réalisées avec d’autres sources liées à EITC Holdings, où deux associés de M. Wright occupent des postes de direction, confirment que la compagnie continuait de travailler sur des demandes de brevet et le Bureau britannique des brevets a publié 11 autres demandes du genre déposée par l’entreprise depuis la semaine dernière.
« Rien ne s’est arrêté », a mentionné une personne liée à la compagnie. Cette dernière n’a pas voulu être identifiée parce qu’elle n’était pas autorisée à s’adresser à la presse.
M. Wright n’a pas répondu à une demande de commentaires.
L’octroi d’un ou plusieurs brevets serait important pour le secteur bancaire et d’autres industries qui tentent d’exploiter les technologies liées au bitcoin, ainsi que pour des dizaines de start-ups tentant de développer des modèles d’affaires centrés autour de la cryptomonnaie.
Les institutions financières devraient dépenser plus d’un milliard de dollars américains, cette année et les suivantes sur des projets liés au blockchain, le processus numérique au coeur du bitcoin, selon un sondage effectuée par la banque d’investissements Magister Advisors.
Le blockchain est une base de données publique qui enregistre toutes les transactions financières de façon numérique. Il forme le coeur du bitcoin et d’autres cryptodevises en conservant les enregistrements des transactions de façon décentralisée.
Les tenants de cette façon de faire soutiennent qu’elle pourrait déstabiliser les services financiers traditionnels en abaissant le coup des paiements et des transactions sécurisées.
Parmi les demandes de brevets déposées par M. Wright, on compte un mécanisme visant à effectuer des paiements sécurisés en ligne, ou encore un système d’exploitation permettant de faire fonctionner l' »internet des objets » via une blockchain.
Un horaire de dépôt des demandes de brevets, l’un des nombreux documents liées aux demandes montrés à Reuters par une personne liée à EITC Holdings, détaille les plans pour un total d’environ 400 d’entre elles.
« Satoshi Nakamoto »?
Le London Review of Books a publié samedi un article de l’auteur et journaliste Andrew O’Hagan citant des associés de M. Wright, selon qui ils travaillaient sur des centaines de demandes de brevets.
M. O’Hagan, qui a passé un long moment avec M. Wright et d’autres gens proches de ce dernier, ont cité les associés comme ayant déclaré que les brevets de M. Wright seraient alors vendus « pour un prix dépassant le milliard de dollars ». L’article n’explique pas comment cette évaluation a été calculée, l’état de progression de la prise de contact avec d’éventuels acheteurs ou si l’idée est encore d’actualité.
Pratiquement toutes les demandes déposées en Grande-Bretagne comprennent le terme blockchain, ou son terme plus générique, le « bordereau distribué ». Le processus d’approbation des brevets s’étend habituellement sur plusieurs années.
« On dirait qu’il tente de breveter les blocs de construction de tout blockchain, cryptodevise ou système de bordereau distribué », souligne Antony Lewis, un consultant dans le domaine du bitcoin à qui Reuters à fait voir certaines des demandes de brevet.
M. Wright, 45 ans, a suscité la controverse après que certains médias l’eurent identifié, l’an dernier, comme étant le mystérieux « Satoshi Nakamoto », qui a distribué le travail de recherche, puis le logiciel qui a permis de lancer le bitcoin au début de 2009. L’homme n’a pas été en mesure de persuader la communauté bitcoin qu’il était bien celui qu’il prétend être, revenant sur sa promesse de fournir des preuves supplémentaires, et disant qu’il n’avait pas le « courage » de mettre « derrière lui des années d’anonymat et de dissimulation. Depuis, il fait profil bas et refuse les demandes d’entrevue.
S’il n’existe pas de preuves concluantes quant à sa véritable « paternité » du bitcoin, des documents consultés par Reuters portent à croire que M. Wright est intimement lié avec le système monétaire sans espèces sonnantes et trébuchantes, et ce même avant le lancement officiel de celui-ci.