C’est un rituel bien rodé et un peu étrange: le président américain Barack Obama reçoit mercredi le dalaï lama, mais les médias seront tenus à l’écart de la rencontre, qui suscite l’ire de Pékin.
Autre singularité de ce tête-à-tête, comme le précédent, début 2014, il n’aura pas lieu dans le prestigieux Bureau ovale, où M. Obama reçoit l’écrasante majorité de ses visiteurs, mais dans la « Salle des cartes ».
Dès l’annonce de cette rencontre avec le chef spirituel des Tibétains, prévue à 10H15, la Chine a, comme à chaque fois, fait part de son mécontentement.
« Nous avons pris note des informations sur cette rencontre privée », a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise, Lu Kang, selon qui Pékin a entrepris une « démarche solennelle » auprès des Etats-Unis et exprimé sa « ferme opposition » à la rencontre.
« Si une telle réunion se tient, elle enverra un mauvais signal aux forces séparatistes recherchant l’indépendance du Tibet » et « affectera la confiance mutuelle et la coopération » avec Washington, a-t-il ajouté, reprenant une formulation traditionnelle.
Pékin fait systématiquement pression sur tous les gouvernements désireux de rencontrer le chef spirituel tibétain.
Officiellement en retrait de l’action politique, le prix Nobel de la paix, âgé de 80 ans, appelle à davantage d’autonomie pour le Tibet plutôt qu’à une indépendance formelle.
De nombreux Tibétains dénoncent la répression de leur religion et de leur culture, estimant par ailleurs ne pas profiter du développement économique de leur région.
« Ami »
La cause tibétaine, un temps très en vogue dans le monde entier, s’essouffle depuis quelques années, alors que de nombreux pays hésitent à se brouiller avec la Chine, devenue une puissance économique incontournable.
« Cela concerne la politique d’une seule Chine », a encore déclaré le porte-parole chinois. « Le dalai lama n’est pas une pure figure religieuse. C’est un exilé politique engagé depuis longtemps dans des activités séparatistes sous couvert de religion ».
Barack Obama et le chef religieux se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises.
En février 2014, la Maison-Blanche avait pris soin de souligner que ce dernier était reçu « en tant que chef spirituel et culturel respecté internationalement », sous-entendant qu’il n’était pas convié en qualité de dirigeant politique. Cette rencontre avait également été fermée à la presse.
En mars 2014, le dalaï lama s’était de nouveau rendu à Washington, où il jouit d’une réelle popularité des deux côtés de l’échiquier politique, pour prononcer la traditionnelle prière qui ouvre une session du Sénat.
Lors d’une rencontre avec les élus, il avait exhorté Washington à défendre avec confiance la démocratie. « Vous êtes la nation à la tête du monde libre », avait-il lancé.
Début 2015, le président américain et le dalaï lama avaient participé ensemble à un petit déjeuner de prière dans un grand hôtel de Washington.
Si les deux hommes ne s’étaient pas retrouvés en face-à-face, M. Obama avait rendu un hommage très appuyé au chef religieux, « un ami ».
Il est « un exemple puissant de ce que la compassion signifie, il est une source d’inspiration qui nous encourage à parler en faveur de la liberté et de la dignité de tous les êtres humains », avait-il déclaré.