Deux mille soldats parachutistes, Polonais, Américains et Britanniques, sautent mardi sur le nord de la Pologne, au début des plus grandes manoeuvres organisées en Europe de l’Est depuis la chute du communisme, pour montrer la force du flanc oriental de l’OTAN face à la Russie.
L’exercice Anaconda se déroule à un mois d’un sommet que l’OTAN doit tenir à Varsovie les 8 et 9 juillet pour consacrer le renforcement de sa présence en Europe de l’Est.
L’agresseur imaginaire appelé « l’Union des Rouges » a pour cible les pays baltes et le nord de la Pologne.
Le scénario de cet exercice de dix jours ne laisse aucun doute. Il prévoit la défense de « l’Union des Bleus » contre de « petits hommes verts », en référence à ces hommes aux uniformes verts qui ont participé à l’annexion de la Crimée et au conflit séparatiste en Ukraine.
On avait appelé leurs opérations « guerre hybride ». Un affrontement qui ne dit pas son nom, mais qui a entraîné la pire crise entre la Russie et l’Occident depuis l’éclatement de l’URSS, et fortement inquiété les pays baltes et la Pologne.
Flanc oriental
« Le but de l’exercice est de vérifier la capacité des pays de l’Alliance à défendre son flanc oriental », a déclaré lundi le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz.
Au total, 31 000 soldats de 24 pays y participent, dont 19 pays de l’OTAN et des pays associés à l’Alliance dans le cadre du Partenariat pour la Paix, telle l’Ukraine. Avec trois mille véhicules, 105 avions et 12 navires.
La Pologne déploiera 12 000 soldats, les Américains 14 000 et les Britanniques un millier.
Ces manoeuvres ne sont pas les plus importantes dans l’histoire de l’OTAN. L’année dernière, par exemple, l’exercice « Trident Juncture » avait mobilisé 36 000 hommes, 60 navires et 200 avions, tandis qu’en 2002, 40 000 soldats ont participé à l’exercice « Strong Resolve ».
La Russie affiche le plus grand calme, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, se contentant mardi de dire que ces exercices « ne contribuent pas à favoriser l’atmosphère de confiance et de sécurité » en Europe.
« Il y a toujours actuellement, malheureusement, un déficit de confiance mutuelle » entre l’Alliance et la Russie, a-t-il ajouté, précisant que le dialogue se poursuivait néanmoins au niveau des ambassadeurs.
Le renforcement du flanc oriental de l’OTAN, le changement le plus important depuis la fin de la guerre froide, doit être consacré officiellement lors du sommet de Varsovie.
Brigade blindée
Il doit s’exprimer entre autres par le déploiement par rotations permanentes tous les neuf mois d’unités formant au total une brigade blindée dans les pays baltes, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie.
La Russie appréhende le renforcement de l’OTAN dans les anciens pays satellites de l’URSS où en 1997 l’OTAN a promis de ne pas installer de bases permanentes. Mais pour les Européens de l’Est, les Polonais notamment, cette promesse devrait être oubliée depuis l’annexion de la Crimée par la Russie.
Certains analystes occidentaux s’interrogent toutefois sur l’effet dissuasif réel de la présence de troupes effectuant des rotations fréquentes et le recours à une force de réaction très rapide organisée par l’Otan à la suite du conflit en Ukraine.
Judy Dempsey, analyste de Carnegie Group, considère que l’Otan devrait renforcer son infrastructure pour garantir le déploiement rapide de forces supplémentaires dans la région.
De même, l’exercice en cours lui semble « petit par rapport à ce que fait la Russie », avec ses manoeuvres qui sont « sophistiquées, grandes, intimidantes », en particulier dans l’enclave de Kaliningrad, située entre deux pays membres de l’OTAN, la Pologne et la Lituanie, a-t-elle dit à l’AFP.
Un autre volet de l’exercice Anaconda prévoit la construction d’un pont militaire sur la Vistule pour permettre le passage de troupes devant défendre les pays baltes.
« Anaconda ne se résume pas à une opération de relations publiques pour montrer les muscles de l’Otan. C’est une préparation à repousser une agression réelle, ce qu’on n’a pas fait depuis des années », a écrit mardi le quotidien polonais Rzeczpospolita.