L’organisation de défense des droits de l’homme Amnistie internationale a estimé jeudi que les « graves erreurs » policières au Brésil, touchant principalement les jeunes noirs des favelas, menacent la tradition olympique à un peu plus de deux mois de l’ouverture des JO de Rio (5 au 21 août).
Le Brésil « met en pratique les mêmes politiques ayant conduit à une multiplication des homicides et des violations des droits de l’homme par les forces de sécurité depuis la Coupe du monde de football de 2014 », affirme Amnistie dans un communiqué.
En 2015, un homicide sur cinq a été commis par des policiers en service dans la ville de Rio et 100 depuis le début de l’année dans tout l’État.
« La majorité des victimes des opérations policières sont des jeunes et des noirs et vivent dans des favelas », souligne Amnesty.
« La stratégie « tirer d’abord, et demander après » fait figurer Rio parmi les villes où la police tue le plus dans le monde (…) et compromet la tradition olympique promise d’une ville et d’un pays sûrs pour tous », affirme l’organisation.
« Depuis 2009, date à laquelle Rio a été choisie pour accueillir les jeux Olympiques, 2500 personnes ont été tuées par la police dans la ville et un nombre infime d’entre elles a obtenu justice », selon Atila Roque, directeur d’Amnesty Brésil.
Les homicides résultant d’interventions policières ont augmenté de 54% entre 2013 et 2015 dans l’ensemble de l’État de Rio. En 2014, année du Mondial de football, 580 personnes ont trouvé la mort lors d’opérations policières dans cet État, 40% de plus qu’en 2013.
Les autorités ont annoncé récemment que 65 000 policiers et 20 000 soldats (le double des effectifs des JO de Londres-2012) seraient mobilisés pour la sécurité des JO. Une partie de ce contingent sera envoyé dans les favelas.
« À deux mois des JO, il est encore temps de mettre en pratique des mesures qui réduisent les risques de violation des droits de l’homme », conclut M. Roque.
Les policiers paient également un lourd tribut, avec 39 d’entre eux tués en 2016 jusqu’à la mi-mai, dont les deux tiers en dehors du temps de travail, selon le journal Estado de S. Paulo, après 85 décès en 2015.