Des combattants syriens soutenus par les Etats-Unis ont progressé en direction de la poche de Manbij, au nord-est d’Alep, une zone clef du nord de la Syrie tenue par les djihadistes de l’État islamique (EI), rapporte mercredi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Plusieurs villages ont été repris depuis le début de l’offensive, lancée mardi, et les forces rebelles ne sont plus qu’à quinze kilomètres de Manbij, dit-il.
Toujours selon l’OSDH, quinze civils, dont trois enfants, ont été tués au cours des vingt-quatre dernières heures dans des frappes de la coalition anti-EI qui accompagnent la progression de ces forces.
À Washington, plusieurs responsables de l’administration Obama avaient annoncé quelques heures plus tôt le lancement de cette opération après plusieurs semaines de préparatifs discrets.
La reprise de Manbij vise à priver l’EI d’accès au territoire turc, par où transitent ses combattants étrangers venant d’Europe ou y repartant.
« Il est significatif que ce soit le dernier passage qu’il leur reste », a déclaré un responsable militaire américain. Des membres des forces spéciales américaines jouent le rôle de conseillers auprès des rebelles mais restent à distance de la ligne de front, ont précisé ces responsables américains qui ont requis l’anonymat.
« Ils seront aussi près qu’il est nécessaire pour que l’opération puisse se faire. Mais ils ne s’engageront pas directement dans les combats », explique-t-on.
Pas d’appui de la Turquie
À Washington, on précise que l’opération sera menée par des Arabes syriens des Forces syriennes démocratiques (FSD) et non pas par les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), que la Turquie considère comme un groupe terroriste.
En plus de l’appui aérien apporté par la coalition internationale, l’armée turque soutient elle aussi l’offensive, selon les sources militaires américaines, ce qu’un membre de l’état-major turc a démenti.
« Cette région se trouve à 40 km de la frontière turque, il est donc impossible pour la Turquie d’apporter son soutien. Il est en outre politiquement hors de question de soutenir une opération des YPG », dit-on de sources militaires à Ankara.
De sources américaines, on assure que les YPG ne représentent qu’un cinquième ou un sixième des effectifs engagés et que leur rôle se limite à évincer l’EI du secteur de Manbij. Les combattants arabes syriens seront les seuls à stabiliser et à sécuriser la zone, après le départ de l’EI. « Après la prise de Manbij, l’accord prévoit que les YPG ne resteront pas (…) Aussi, vous aurez des Arabes syriens occupant la terre traditionnelle arabe syrienne », a expliqué un membre de l’administration américaine.
L’OSDH affirme en revanche que les miliciens des YPG constituent la majorité des forces lancées à l’assaut de Manbij.
L’opération pourrait annoncer une offensive à Rakka, capitale autoproclamée de l’Etat islamique en Syrie et objectif numéro un de l’armée américaine sur le terrain.
Priver l’EI de la poche de Manbij isolerait encore un peu plus les djihadistes et affaiblirait leurs capacités à acheminer des armes vers Rakka.
Le président américain Barack Obama a autorisé 300 militaires des forces spéciales à opérer sur le terrain à partir de lieux tenus secrets en Syrie pour aider à organiser la lutte contre l’EI.