Des photographies, des lettres à ses amis et amants, des manuscrits parfois inédits: autant de témoignages sur les amours et le travail de Marcel Proust ont été vendus mardi pour un total de 1,24 million d’euros lors d’enchères organisées par Sotheby’s à Paris, rapporte l’Agence France-Presse.
La collection appartenant à Patricia Mante-Proust, l’arrière-petite-nièce de l’écrivain, âgée de 41 ans, était estimée entre 520 000 et 740 000 euros.
Clou de la vente, un « placard » (jeu d’épreuves) d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs, estimée entre 20 000 et 25 000 euros, est parti pour 111 000 euros.
Oeuvre unique, ce « placard » composé de fragments manuscrits ou imprimés collés sur une grande feuille de papier, était inconnu jusqu’à présent et fortement convoité. Aucun autre des lots proposés n’a atteint ou dépassé une telle somme.
« Ce « placard » restitue l’écriture de l’auteur dans son jaillissement même, avec tous ses repentirs successifs », a expliqué Sotheby’s dans un communiqué. À l’ombre des jeunes filles en fleurs aurait dû sortir en 1914 mais la guerre en retarda la publication. Comme le prouve le « placard », Marcel Proust profita de ce délai pour corriger abondamment son texte. Le roman fut couronné par le prix Goncourt en 1919.
Les documents mis en vente avaient été léguées, à la mort de Marcel Proust en 1922, à son frère Robert. Ce dernier les avait transmises à sa fille unique, Adrienne (Suzy) Proust qui les avait à son tour léguées à son fils aîné, Patrice, le père de Patricia Mante-Proust.
Du côté de chez Swann, en édition originale, portant un long envoi autographe sur trois pages, signé, à son ami américain Walter Berry, a été acquis 62 500 euros, doublant ainsi son estimation haute (20 000-30 000 euros).
Un des plus beaux dessins de la main de Marcel Proust, représentant la cathédrale d’Amiens, réalisé entre 1900 et 1904, a été emporté à 47 500 euros (estimation: 10 000-15 000 euros). La municipalité d’Amiens qui désirait acquérir ce document a dû renoncer en raison de la montée des enchères.
Marcel Proust avait offert ce dessin à Reynaldo Hahn, l’un des grands amours de sa vie.
Les photographies, choyées par Marcel Proust, témoignages de sa vie, de sa famille, de ses rencontres et de ses inspirations, ont toutes pulvérisé leurs estimations. Une des plus convoitées, qui montrait Marcel Proust à Venise en 1900, a été vendue 17 500 euros (estimation: 1000-1500 euros).