Les primaires présidentielles américaines se poursuivaient mardi dans deux États où la démocrate Hillary Clinton, bien qu’elle soit quasi-assurée de remporter l’investiture, veut asséner une défaite symbolique à son infatigable poursuivant, Bernie Sanders.
Les démocrates du Kentucky ont commencé à voter tôt mardi, sous la pluie. Les derniers bureaux de vote doivent fermer à 19H00. Dans l’Oregon, sur la côte pacifique, les électeurs votaient uniquement par correspondance et avaient jusqu’à 20H00 pour déposer leur bulletin dans les boîtes.
Les républicains votent seulement dans l’Oregon, sans grand enjeu depuis que Donald Trump est le seul candidat encore en course.
Hillary Clinton a investi un temps considérable (cinq journées) dans le Kentucky, cet Etat des Appalaches qu’elle avait largement remporté aux primaires de 2008, et où Bill Clinton a gagné aux présidentielles de 1992 et 1996. L’ancien président démocrate y est également revenu, dans le but de convaincre les cols bleus que son épouse serait la plus capable de défendre leurs intérêts économiques.
« C’est elle la plus expérimentée », disait mardi Sarah Herberger, une enseignante de 32 ans qui a voté pour la démocrate. « Elle était à la Maison-Blanche comme première dame, et Bill Clinton son mari peut lui donner des conseils ».
La candidate a d’ailleurs indiqué qu’elle confierait un rôle économique à Bill en cas de retour à la Maison-Blanche, mais pas au sein du cabinet.
« J’ai déjà dit à mon mari que si j’ai la chance d’être élue, il deviendra le « premier gentleman », mais j’attendrai de lui qu’il travaille (…) pour faire monter les salaires », a-t-elle dit lundi dans un restaurant de Paducah en rappelant à la clientèle, comme elle le fait souvent, les bons chiffres de croissance des années 1990.
Distraction
Hillary Clinton n’a pas besoin d’une victoire mardi pour remporter l’investiture, tant son avance en nombre de délégués est importante. Même si elle perdait toutes les consultations restantes, jusqu’au 14 juin, elle continuerait à récolter suffisamment de délégués, répartis à la proportionnelle, pour atteindre la majorité requise de 2383. Elle en a aujourd’hui 2243, contre 1465 pour Bernie Sanders.
Mais le sénateur du Vermont cherche à prouver les faiblesses de Hillary Clinton dans l’électorat ouvrier et blanc, non négligeable pour la présidentielle de novembre. Il l’a battue dans l’Indiana et en Virginie occidentale en mai, et chaque victoire apporte de l’eau à son moulin.
Officiellement, il dit vouloir persuader les centaines de « superdélégués » démocrates (élus et responsables du parti) de rompre avec Hillary Clinton et de se rallier à lui. Mais son objectif pourrait aussi être de préparer son avenir au sein de la gauche américaine, en pesant sur la plateforme du parti démocrate.
« Honnêtement, je ne pense pas qu’il gagnera l’investiture, mais je préfère son idée de changement continu », dit John Spenlau, 28 ans, à Louisville. « Hillary serait une candidate plus stable, mais Bernie continuera à repousser les limites en faveur des programmes sociaux auxquels je crois ».
Prudente et préoccupée par l’idée de ne pas paraître présomptueuse, Hillary Clinton n’a pas appelé son rival à se retirer. Elle-même avait attendu plusieurs jours après le dernier scrutin, en 2008, pour concéder la défaite à Barack Obama.
Mais la persistance du sénateur l’empêche de se consacrer pleinement à son probable futur adversaire républicain pour la présidentielle de novembre: Donald Trump.
Certes, elle attaque dès qu’elle le peut le candidat républicain, qu’elle qualifie de « danger public ».
« Posez-vous la question: est-ce qu’un secrétaire d’État pourra facilement négocier avec un dirigeant musulman si un candidat à la présidentielle ou, Dieu nous en garde, un président, passe autant de temps à dénigrer la religion des habitants d’une région poudrière avec lesquels nous devons négocier? » s’est-elle demandée lundi.
Mais les premières publicités télévisées démocrates anti-Trump sont venues lundi du comité pro-Clinton Priorities USA, et non directement de la campagne de Clinton.