L’astrophysicien André Brahic, découvreur des anneaux de Neptune et infatigable passeur de sciences à l’enthousiasme jamais démenti, est mort dimanche matin à Paris à l’âge de 73 ans.
« C’était un personnage éblouissant et hors du commun, extraordinairement chaleureux, profond et authentique, un grand savant et en même temps un conteur, un écrivain », a dit son éditeur Odile Jacob qui était très proche de lui.
Expert mondial du système solaire, André Brahic était né en 1942 à Paris dans une famille modeste. Il a succombé dimanche matin des suites d’un cancer.
Initié à l’astrophysique par Evry Schatzman, le père de la discipline en France après la guerre, il devient dans les années 1980 un spécialiste de l’exploration du système solaire conduite par la sonde spatiale Voyager et la mission américano-européenne Cassini partie en 1997, qui continue à tourner autour de Saturne.
Il s’intéresse aux anneaux de Saturne avant de lancer en 1984 un programme qui lui permet de codécouvrir les anneaux d’une autre planète gazeuse Neptune avec l’astronome américain William Hubbard.
Le dernier anneau se décompose en quatre arcs dont trois furent découverts au départ par André Brahic qui leur donna les noms de « Liberté », « Égalité » « Fraternité » en référence à la devise nationale française. Le dernier arc fut trouvé par l’une de ses collaboratrices.
Astrophysicien au CEA et professeur à l’université Paris VII – Diderot, il avait également dirigé le laboratoire Gamma-gravitation.
En 1990, l’astéroïde 3488 situé dans la ceinture du système solaire avait été baptisé Brahic en son honneur.
Auteur prolifique
Vulgarisateur prolifique, il avait publié cinq livres, dont Enfants du soleil en 1999 et « Lumières d’Étoiles » en 2008″ aux éditions Odile Jacob. Son dernier ouvrage sur les exoplanètes Terres d’ailleurs. Sommes nous seuls dans l’univers ? était paru l’an dernier chez le même éditeur.
« La science, ce n’est pas des barbons ennuyeux qui vous écrivent des équations: c’est la vie », disait il y a deux ans sur France Culture le scientifique, avec un enthousiasme intact et communicatif.
Grand amateur de musique et de gastronomie, connu pour son humour, il aimait dire que son combat représentait « la lutte contre les homos tristus en faveur des homos rigolus, moins nombreux mais plus utiles ».
« Beaucoup de passionnés et d’anciens étudiants se souviendront d’André Brahic comme d’un orateur exceptionnel, déroulant à un rythme effréné un discours toujours pointu et débordant d’humour », a souligné la Société française d’Astronomie et d’Astrophysique dans un hommage posté sur Facebook.
Le président François Hollande a salué dans un communiqué un grand savant « qui savait rendre simples les mystères du ciel ».
Il « était aussi un merveilleux pédagogue dont les livres et les interventions nous ont fait voyager dans l’espace », a-t-il ajouté. La France « perd un scientifique prodigieux et joyeux dont le seul projet était de faire partager sa passion au plus grand nombre ».
« Si je me présentais » à la présidence de la République, mon programme reposerait sur trois priorités: la culture, la recherche et l’éducation », disait souvent André Brahic, qui déplorait que les scientifiques ne soient pas plus impliqués dans la société civile. « C’est ça notre futur, c’est ça la lutte contre l’obscurantisme ».
Chevalier de la légion d’honneur, André Brahic avait reçu de nombreux prix scientifiques, mais il avait échoué à entrer à l’Académie française en 2014 face à Marc Lambron.