Une ex-chef du renseignement intérieur britannique MI5 a plaidé mercredi contre une sortie du Royaume-Uni de l’UE, ou Brexit, estimant qu’elle affaiblirait le pays à un moment où la menace terroriste est élevée.
Lors d’une intervention devant le think tank de Chatham House à Londres, Eliza Manningham-Buller, chef du MI5 de 2002 à 2007, a ainsi répondu à une série de déclarations d’anciens collègues à elle, prétendant intervenir « pour donner des faits, pas des émotions », selon ce que rapporte l’Agence France-Presse.
À une période où un attentat est jugé « très probable » au Royaume-Uni, « nous sommes incontestablement plus sûrs au sein de l’UE », a-t-elle souligné, à un peu plus d’un mois du référendum du 23 juin sur la place du Royaume-Uni dans l’UE.
« Si nous nous isolons, nous perdrons beaucoup d’influence », a-t-elle insisté, évoquant « des forums dont nous seront exclus ».
Mme Manningham-Buller a égrainé une série de menaces, de « Poutine qui montre ses muscles » à l’organisation État islamique en passant par les essais nucléaires en Corée du Nord, en concluant que « ce n’est pas le moment de quitter l’UE ».
« Nous recevons des informations importantes, qui sauvent des vies, de nos amis européens » a-t-elle souligné, citant la France. « Si l’Europe est affaiblie par notre départ, cela affaiblira notre sécurité », a-t-elle martelé.
L’ex chef du MI5 a également battu en brèche l’idée que s’isoler ou fermer ses frontières à l’immigration diminuerait la menace terroriste: « Ce ne sont pas des barrières à la Trump autour de notre île » qui vont arrêter la menace, a-t-elle dit en allusion aux propos du candidat républicain Donald Trump qui veut interdire l’entrée de musulmans aux États-Unis.
« L’idée selon laquelle cette menace vient d’Europe est fausse: les terroristes sont nés ici: ils sont bien de chez nous », a-t-elle relevé.
Elle répondait ainsi au chef des services de renseignement extérieurs britanniques MI6 entre 1999 et 2004, Richard Dearlove, selon qui un Brexit apporterait « un gain en matière de sécurité » en renforçant le contrôle de l’immigration.
Rendant hommage à « la qualité et la quantité d’informations passées par nos amis européens », elle a souligné que « la coopération internationale est vitale, en particulier avec les pays proches », contredisant là aussi M. Dearlove, pour qui le Royaume-Uni donne plus de renseignements qu’il n’en reçoit.