Les responsables canadiens en visite lundi dans la ville pétrolière de Fort McMurray, au coeur des incendies de forêt qui font rage depuis plus d’une semaine dans l’Alberta, se sont dits encouragés par le nombre de bâtiments ayant échappé aux flammes, estimant à 90% les structures intactes.
Les flammes ont dévasté jusqu’à présent 204 000 hectares, a déclaré lundi Rachel Notley, la première ministre de l’Alberta, une province riche en sites d’exploitation des sables bitumineux. Elle a parlé de feux toujours dangereux, vastes et en progression.
Deux mille quatre cents bâtiments ont été détruits dans la ville de Fort McMurray, dont la population a été évacuée, a précisé Rachel Notley. L’intervention des pompiers a cependant permis de sauver près de 90% de Fort McMurray, soit 25 000 bâtiments, a-t-elle ajouté.
Lundi, l’incendie s’était suffisamment éloigné de la ville, d’où quelque 88 000 habitants ont dû être évacués, pour permettre à une délégation officielle de visiter Fort McMurray.
« Nous avons vraiment été encouragés par l’étendue des communautés résidentielles qui ont pu être sauvées », a dit la Première ministre de l’Alberta. « Cela ne veut pas dire, bien évidemment, qu’il n’y aura pas des scène déchirantes pour certains lorsqu’ils reviendront. »
Sur place, le parcours capricieux suivi par les flammes est visible. Alors que certaines maisons ont été réduites en cendres, d’autres, à quelques mètres, ont été épargnées. Des parterres de fleurs sont intacts.
« Monstre »
Dans l’un des quartiers les plus touchés, Beacon Hill, des maisons sont réduites à des fondations carbonisées et à quelques marches d’entrée. Les voitures, aux pneus fondus, laissent échapper des coulées de métal fondu.
« C’était un monstre. C’était un animal. C’était un feu comme je n’en ai jamais vu de toute ma vie », a déclaré aux journalistes le chef des pompiers de Fort McMurray, Darby Allen, qui estime à 85% le nombre de logements ayant échappé à l’incendie.
Toutes les écoles, à l’exception d’un établissement en construction, ont été sauvées des flammes. Rachel Notley a salué l’engagement des pompiers, qui ont dû empêcher les flammes d’atteindre leur propre caserne.
La Première ministre a noté qu’il restait dangereux pour les habitants d’entrer dans la ville sans escorte, de nombreux endroits restant encore fumants, et sans électricité, sans eau ni gaz.
Les compagnies d’assurance ont révisé à la baisse leurs estimations du coût de l’incendie qui sévit depuis le 1er mai.
Le premier assureur canadien, Intact Financial Corp , prévoit des pertes comprises entre 130 et 160 millions de dollars, en se fondant sur des vues satellites et des technologies de géocodage pour estimer les dégâts. Les analystes anticipent en conséquence une perte de 1 à 1,1 milliard de dollars pour l’ensemble du secteur de l’assurance du pays, bien en-dessous des 9 milliards de perte redoutés précédemment.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a promis un engagement de l’Etat sur plusieurs années pour reconstruire Fort McMurray, sans donner pour le moment davantage de précisions.
Pluie espérée
Le brasier reste étendu, dangereux et en expansion, ont dit les forces de l’ordre, tout en notant que des températures plus froides avaient ralenti la progression de l’incendie et devraient faciliter sa maîtrise dans les prochains jours. Le temps frais doit se prolonger jusqu’à jeudi, mais la plus grande partie de la province d’Alberta reste très sèche après un hiver doux et un printemps chaud.
« Ce monstre est si grand, il nous faut de la pluie pour l’arrêter », a dit le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.
Des précipitations sont attendues mercredi, avec une probabilité de 30%, selon les prévisions météorologiques officielles.
La première ministre Notley a en outre annoncé qu’elle serait en mesure de fournir un calendrier pour le retour des habitants de Fort McMurray dans les deux semaines qui viennent. Des milliers de personnes évacuées attendent dans des camps dans les villes voisines.
Fort McMurray est au coeur de la région des sites d’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, qui n’ont pratiquement pas été endommagés. Près de la moitié de la production de pétrole brut, soit un million de barils par jour, a du être suspendue, selon des estimations de Reuters.
Royal Dutch Shell a dit qu’il relancerait sa production à un rythme ralenti dans la province, en déplaçant son personnel en fonction des besoins.
Le groupe Statoil ASA a fait savoir quant à lui que la production resterait suspendue dans les sables bitumineux de Leismer, dans le nord de la province jusqu’à ce que les points d’acheminement vers les oléoducs soient rouverts.
Imperial Oil a complètement fermé son projet d’exploitation des sables bitumeux de Kearl.