Vivendi souhaite être représenté au conseil d’administration du spécialiste français des jeux vidéo Ubisoft, dont il assure en revanche ne pas vouloir prendre le contrôle dans les six mois qui viennent.
Le géant des contenus a consciencieusement accru au fil des mois ses parts dans le créateur des Lapins Crétins et d’Assassin’s Creed tout en lançant une offre hostile sur sa société jumelle Gameloft, déterminé à faire des jeux vidéo le troisième pilier de sa stratégie avec la télévision et la musique.
Dans une déclaration à l’Autorité des marchés financiers publiée vendredi, Vivendi a indiqué avoir dépassé le seuil de 15% des droits de vote au sein d’Ubisoft, dans lequel il a également encore accru sa participation.
Le groupe piloté par le milliardaire breton Vincent Bolloré détient désormais 17,73% du capital de la société fondée et dirigée par un autre breton, Michel Guillemot, contre 15,66% fin février.
« Vivendi envisage de demander une recomposition du conseil d’administration d’Ubisoft Entertainment en vue, notamment, d’y obtenir une représentation cohérente avec sa position actionnariale », indique-t-il dans sa déclaration, sans préciser le nombre d’administrateurs qu’il souhaiterait obtenir.
« Vivendi envisage de poursuivre ses achats en fonction des conditions de marché (… et) n’envisage pas de déposer une offre publique sur Ubisoft ni d’en prendre le contrôle », précise dans le même temps le groupe dans sa déclaration d’intention qui porte sur les six prochains mois.
Vivendi avait jusque-là indiqué qu’il n’excluait pas de prendre le contrôle du groupe.
« Intentions contradictoires »
Ubisoft a déclaré prendre acte « sans surprise » de cette nouvelle initiative de Vivendi.
« Cette déclaration confirme la stratégie habituelle de contrôle rampant du Groupe Vivendi, qui annonce qu’il n’a pas l’intention de prendre le contrôle de la société Ubisoft tout en augmentant régulièrement sa participation et en préparant une offensive lors de la prochaine Assemblée Générale », écrit Ubisoft dans une réaction transmise à Reuters.
« Cette stratégie qui consiste à annoncer successivement des intentions contradictoires est contraire aux bonnes pratiques corporate et est contraire à l’intérêt des actionnaires d’Ubisoft », estime le groupe.
Par ailleurs le management d’Ubisoft réitère « qu’à ce jour, malgré ses demandes écrites répétées, le groupe Vivendi n’a pas été en capacité de présenter un plan détaillé et convainquant des coopérations qu’il promet depuis son entrée au capital ». Vivendi n’a pas souhaité de son côté faire de commentaire supplémentaire à sa déclaration d’intention.
Soufflant le chaud et le froid, le groupe réaffirme vouloir établir une collaboration fructueuse avec Ubisoft, dont les dirigeants ont plusieurs fois exprimé leur hostilité face aux avances de Vivendi en dénonçant une tentative de prise de contrôle rampante.
Lors de la présentation des résultats annuels, les dirigeants de Vivendi avaient regretté de ne pas avoir pu engager de discussions avec la famille Guillemot. La requête de Vivendi concernant la composition du conseil ne constitue pas vraiment une surprise compte tenu du niveau de sa participation.
En décembre, Vivendi a obtenu quatre sièges au conseil de Telecom Italia après avoir de la même manière renforcé méthodiquement ses parts au capital de l’opérateur historique italien.
Le conseil d’administration d’Ubisoft est actuellement composé de neuf administrateurs, dont cinq appartiennent à la famille Guillemot. Ubisoft a en outre annoncé fin mars la création de la fonction d’un administrateur référent.