La démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump espèrent conforter mardi leur avance pour l’investiture de leur parti lors des primaires présidentielles de New York, qui pourraient sonner le glas des rêves de Bernie Sanders.
Depuis des années, ces primaires arrivaient trop tard dans la saison pour susciter le moindre intérêt. Mais pas cette fois, le processus entamé en janvier, État par État, n’ayant toujours pas permis de déterminer qui sera le candidat de chaque parti à l’élection présidentielle américaine de novembre.
Et l’intérêt de ces primaires est encore accru par la présence de trois New-Yorkais, le milliardaire Donald Trump né dans le Queens, l’ancienne sénatrice de New York Hillary Clinton, qui a adopté l’Etat comme le sien, et le démocrate-socialiste Bernie Sanders, né à Brooklyn.
L’État de New York est aussi le deuxième, derrière la Californie, en nombre de délégués attribués: 247 démocrates (sans compter les 44 super délégués) et 95 républicains.
Quelque 5,8 millions d’électeurs démocrates, et 2,7 millions de républicains sont invités à voter. Les premiers bureaux de vote ont ouvert à 6H00, jusqu’à 21H00.
Les primaires sont « fermées », les indépendants ne peuvent pas voter démocrate ou républicain.
Mme Clinton, 68 ans, grande favorite côté démocrate, recueille 53,7% des intentions de votes, contre 40,9% au sénateur du Vermont Bernie Sanders, selon une moyenne des récents sondages établie par RealClearPolitics.
Côté républicain, Donald Trump, 69 ans, est à 52,6%, loin devant le gouverneur de l’Ohio John Kasich (22,9%) et le sénateur du Texas Ted Cruz (17,9%), selon la moyenne des derniers sondages. Ni M. Kasich, ni M. Cruz n’ont mené une campagne intense dans cet État.
M. Cruz s’était attiré les foudres de la métropole en critiquant en début d’année les « valeurs de New York », pour tenter de faire passer le milliardaire pour un homme de gauche. « Tout le monde comprend que les valeurs de New York sont socialement progressistes, pour l’avortement et le mariage gai. Et concentrées sur l’argent et les médias », avait-il déclaré lors d’un débat.
Le passé de sénatrice de Mme Clinton (2001-2009) lui a créé de solides liens locaux. Elle a le soutien du gouverneur Andrew Cuomo, du maire Bill de Blasio et de nombreux élus locaux, et un avantage auprès des minorités. Elle avait déjà gagné l’État face à Barack Obama en 2008.
À 74 ans, M. Sanders a fait campagne non-stop, et tenu des meetings géants, dont le dernier lundi soir dans le Queens. Cet apôtre d’une révolution politique a voulu croire jusqu’au bout à la possibilité d’une victoire. « Si la participation est élevée, nous gagnerons », déclarait-il encore lundi, tout en regrettant que les indépendants, qui votent souvent pour lui, ne puissent pas participer.
Clinton trop loin devant?
Mais son équipe semblait préparée à une défaite: Bernie Sanders fera campagne mardi soir dans l’État voisin de Pennsylvanie.
« J’espère faire vraiment bien demain, et j’espère conclure la nomination », a pour sa part déclaré lundi soir Hillary Clinton.
Au niveau national, elle est au coude-à-coude avec M. Sanders, à respectivement 50% et 48% des intentions de vote, selon un nouveau sondage.
Depuis le 22 mars, il a gagné sept des huit primaires organisées. Mais en termes de délégués, Mme Clinton est largement en tête. Elle en compte plus de 1700 (dont 469 super délégués) contre environ 1100 pour Sanders (dont 31 super délégués). Il en faut 2383 pour devenir le candidat du parti.
Une victoire mardi pourrait la rendre irrattrapable.
Côté républicain, Donald Trump est aussi en tête de la course à l’investiture de son parti, avec environ 740 délégués, 200 de plus que Ted Cruz. Il en faut 1237 pour obtenir la nomination.
Mais depuis sa défaite cinglante dans le Wisconsin le 5 avril, l’homme d’affaires, qui a un peu calmé ses discours enflammés et réorganisé son équipe de campagne, s’inquiète de ne pas atteindre cette majorité absolue.
Il accuse le parti républicain de vouloir bloquer sa nomination, même s’il arrive en tête à la convention de juillet, et dénonce des règles « truquées » d’attribution des délégués, qui ne sont pas forcément liées au vote des électeurs.
« Nous avons un mauvais système et il doit changer » tonne-t-il, en menaçant d’un mois de « juillet chaud à la convention ».