Les ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G20 s’interrogent sur les moyens d’éviter une stagnation de l’économie mondiale, tout en ayant des doutes sur l’efficacité des politiques monétaires ultra-accommodantes encore en place à travers le monde.
Organisée à Washington à l’occasion des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui se terminent dimanche, la réunion du G20, entité qui regroupe pays développés et pays émergents, intervient ce vendredi dans un contexte de pressions croissantes exercées sur les nations les plus riches pour qu’elles augmentent leurs dépenses d’infrastructures et dérégulent leurs économies.
Mardi, le FMI a revu en baisse ses prévisions pour la croissance mondiale pour la quatrième fois en un an du fait du ralentissement de l’économie chinoise, de la faiblesse persistante des prix du pétrole et de la fragilité de la reprise dans les économies développées.
Dans un communiqué adressé jeudi soir aux autres pays du G20, le ministre des Finances indien Arun Jaitley estime que les gouvernements doivent cesser de laisser les banques centrales prendre l’initiative dans les mesures de relance de la croissance et réfléchir à une hausse des dépenses.
« Nous sommes d’avis que les outils de politique monétaire ont atteint les limites de leur efficacité (…) Le temps est venu de la revalorisation de la politique budgétaire, avec un plus grand accent qui doit être mis sur les investissements publics. »
Pas de dévaluations compétitives
Selon le FMI, l’Inde devrait voir son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 7,5%, plaçant le pays parmi ceux promis à une forte croissance cette année.
Arun Jaitley a néanmoins souligné que la reprise économique mondiale était fragile et qu’elle pouvait facilement se gripper, que ce soit par la faiblesse de la demande, un tassement du commerce ou encore par une volatilité des flux de capitaux. « De ce fait, nous devons élaborer une réponse efficace (…) afin de raviver le moteur commercial de l’économie mondiale. Les pays doivent éviter des mesures protectionnistes et s’abstenir de dévaluations compétitives », a-t-il dit.
Le ministre des Finances japonais Taro Aso et le secrétaire au Trésor américain Jack Lew sont allés dans le sens de leur homologue indien jeudi, en soulignant conjointement l’importance pour tous les pays « d’honorer leurs engagements pris au G7 et au G20 en matière de taux de change ».
Les responsables monétaires et financiers du G20 avaient convenu en février à Shanghai que les pays devaient s’abstenir de procéder à des dévaluations compétitives de leur monnaie, ce qui avait été interprété par les intervenants de marché comme une mise en garde au Japon contre des interventions sur le marché des changes visant à enrayer les fortes hausses du yen.
Néanmoins, le G20 comme le G7 s’accordent aussi à considérer que les excès de volatilité et les mouvements désordonnés du marché des changes sont indésirables. Pour Tokyo, ce principe lui donne le droit d’intervenir si le yen, qui a atteint un pic de 17 mois face au dollar en début de semaine, s’écarte des niveaux conformes à ses fondamentaux.
Le gouverneur de la Banque du Japon Haruhiko Kuroda a qualifié d' »excessive » la hausse du yen depuis le début de l’année, utilisant pour la première fois cet adjectif pour qualifier l’évolution de la monnaie japonaise.