Après une semaine d’attaques incessantes, Hillary Clinton et Bernie Sanders se retrouvent jeudi soir à New York pour un débat qui promet d’être tendu, tant l’enjeu est important pour les deux candidats démocrates à la présidentielle américaine.
« Je pense que ce sera animé », a commenté Mme Clinton à propos de ce débat qui précède les élections primaires dans l’État, le 19 avril.
Mme Clinton, 68 ans, sénatrice de New York de 2001 à 2009, a une avance d’au moins dix points dans les sondages. Mais M. Sanders, 74 ans, qui est né et a grandi à Brooklyn, veut croire à son élan, porté par sept victoires consécutives aux primaires dans autant d’Etats depuis le 22 mars.
Il rêve d’une victoire, ou au moins de réduire l’écart. C’est lui qui avait insisté pour ce débat prévu à 21H00.
Car 291 délégués démocrates sont en jeu à New York, le plus gros butin après la Californie. Mme Clinton espère l’emporter largement, pour définitivement creuser l’écart avec le sénateur du Vermont et voguer sans souci vers l’investiture de son parti pour la présidentielle de novembre, pour laquelle elle reste la grande favorite.
À l’approche de ces primaires cruciales, le ton s’est nettement tendu entre les deux démocrates.
Bernie Sanders, le démocrate-socialiste qui attire des foules enthousiastes, souvent jeunes, avec ses promesses de révolution politique, a multiplié les attaques personnelles contre Mme Clinton, mettant même en doute sa qualification pour être présidente.
Dans la ville monde aux inégalités vertigineuses, et dans le nord plus déshérité de l’Etat, il l’a attaquée sans relâche sur ses liens avec Wall Street, martelant qu’elle ne pouvait pas « être un agent du changement » et accepter de l’argent des « intérêts particuliers les plus puissants ».
« Maigre bilan »
Il a aussi dénoncé ses liens avec l’industrie pétrolière ou son soutien au gaz de schiste quand elle était secrétaire d’État.
Hillary Clinton a souligné de son côté que « sous les fortes lumières de New York », M. Sanders avait « du mal à répondre à des questions », sur son objectif clé de démanteler les grosses banques et sur sa politique étrangère. Elle l’a accusé de ne pas « avoir travaillé ses dossiers ».
« Quand quelqu’un vous demande de voter pour lui, ils doivent vous dire ce qu’ils vont faire, et non pas ce qu’ils espèrent faire », a-t-elle répété mercredi à Harlem, au siège de l’association National Action Network d’Al Sharpton, incontournable figure de la communauté noire.
Elle a aussi attaqué ces derniers jours Bernie Sanders sur le fait qu’il s’était dit contre les poursuites contre les fabricants d’armes, et elle a même affirmé que le Vermont était, proportionnellement à sa population, l’Etat qui avait le plus grand nombre d’armes impliquées dans des actes de violence à New York.
Son entourage a aussi accusé Bernie Sanders d’avoir « complètement perdu le nord ».
Et mercredi, dans un autre thème qui pourrait être abordé lors du débat, Mme Clinton a critiqué son « maigre bilan » auprès des latinos et des immigrants.
Pour l’aider, Bill Clinton, très populaire à New York, a fait campagne sans relâche dans l’Etat, toujours en parallèle. Le couple ne fait jamais campagne ensemble.
Mais Hillary Clinton a déjà les yeux rivés sur la prochaine bataille, celle de la présidentielle de novembre.
Dans son discours à Harlem, ses critiques les plus virulentes visaient les républicains Donald Trump, qui devrait emporter facilement la primaire républicaine de New York, et Ted Cruz.
« Les problèmes de l’Amérique ne se régleront pas en construisant des murs et en divisant notre pays », a-t-elle déclaré.