Le Mexique ne fait pas directement enquête sur les acteurs Sean Penn et Kate del Castillo pour avoir secrètement rencontré le baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman, mais se pencheront sur les circonstances du rendez-vous, a indiqué mardi un porte-parole du gouvernement.
Cette rencontre, tenue en octobre pour discuter d’une entrevue destinée au magazine Rolling Stone, s’est avérée essentielle pour l’éventuelle capture du chef de cartel, a fait savoir lundi le procureur général du Mexique, écrit Reuters. Guzman a été de nouveau arrêté par les autorités vendredi dernier dans le nord-ouest du Mexique, et est maintenant de retour dans la même prison à sécurité maximale d’où il s’était évadé, en juillet, via un tunnel qui se rendait jusqu’à sa cellule. L’article écrit par M. Penn a été publié samedi.
Craignant une troisième évasion, Mexico a renforcé la sécurité dans la prison, blindant le plancher de la cellule du célèbre pensionnaire, et installant un garde devant sa porte 24 heures sur 24. L’homme est actuellement maintenu en isolement dans une autre section de la prison, précise une source sécuritaire mexicaine.
Parmi les autres mesures de sécurité adoptées, on a aussi réduit le nombre de détenus, quadruplés les caméras sur le site, et déplacer Guzman de façon aléatoire, sans avertissement, dans diverses sections du pénitencier, a confié à Reuters le porte-parole gouvernemental Eduardo Sanchez.
Avant son évasion spectaculaire, l’an dernier, le baron de la drogue a demandé à ses avocats d’enregistrer son nom, donnant aux autorités mexicaines leur premier indice à savoir qu’il voulait tourner un film sur sa vie, rapportent mardi des médias locaux. Lors de son précédent passage de 17 mois derrière les barreaux, Guzman a effectivement demandé à ses avocats de lancer le processus pour obtenir une marque de commerce pour son nom. Cependant, l’Institut mexicain de la propriété industrielle (IMPI) a refusé la requête.
Selon des documents consultés par Reuters, l’IMPI a rejeté deux demandes en ce sens en 2011. Ces requêtes, pour des vêtements et des accessoires, et non pas des films, ont été refusées en raison du fait que Guzman était un homme recherché par la police.
Mexico a dit envisager d’extrader Guzman, chef du cartel Sinaloa, vers les États-Unis, où il est recherché pour y avoir exporté des centaines de tonnes de cocaïne, de méthamphétamines et d’héroïne. Le Mexique a reçu des garanties d’un tribunal, au Texas, voulant que si Washington recevait Guzman dans le cadre d’une extradition, la peine de mort ne serait pas réclamée contre le criminel dans cet État du sud, a indiqué le chef des procédures internationales du Bureau du procureur général du Mexique, Jose Manuel Merino. Celui-ci a ajouté que le gouvernement mexicain enverrait une « note diplomatique » aux autorités américaines pour qu’aucun autre État ne puisse exiger la mise à mort du baron de la drogue.
Ce dernier avait d’abord réussit à prendre de nouveau la poudre d’escampette, échappant aux forces mexicaines alors qu’elles menaient un raid à l’aube, en ouvrant une porte secrète et en descendant dans un tunnel relié aux égouts. Guzman et l’un de ses hommes ont volé une voiture, voiture qui est tombée en panne peu de temps après. Les deux individus se sont alors emparés d’un deuxième véhicule, puis ont été stoppés et capturés par la police peu de temps après.
Le gouvernement américain veut poursuivre Guzman, supposément âgé de 58 ans, en lien avec des crimes allant du blanchiment d’argent au trafic de drogue, en passant par le kidnapping et le meurtre. L’homme est blâmé pour plusieurs milliers de meurtres survenus aux États-Unis et au Mexique.