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La Corée du Nord a annoncé avoir testé avec succès, mercredi, une version miniaturisée d’une bombe nucléaire à hydrogène, revendiquant un développement majeur dans ses capacités de frappe atomique, et déclenchant des signaux d’alerte au Japon et en Corée du Sud.
Ce test, le quatrième à survenir dans la dictature isolée, a été ordonné par le jeune leader Kim Jong-un, et a été effectué avec succès à 10h, heure locale (20h30, mardi soir, heure de Montréal), a mentionné l’agence de presse officielle de Pyongyang KCNA. « Laissons la planète admirer cet État nucléaire fort et indépendant », a écrit M. Kim dans ce que la télévision d’État nord-coréenne a présenté comme une note manuscrite, rapporte Reuters.
Des responsables des renseignements sud-coréens et plusieurs analystes s’interrogent à savoir si l’explosion de mercredi est un véritable test d’une bombe à hydrogène. Mais cela n’a pas empêché le présumé test d’être largement condamné à l’échelle planétaire, y compris par la Chine et la Russie, les deux principaux alliés du régime communiste. Pékin a ainsi exprimé son « opposition résolue », et a dit qu’elle déposerait une plainte auprès de Pyongyang.
Aucun pays n’a été averti du test nucléaire, soutient le Renseignement sud-coréen, selon des parlementaires informés par des responsables de ce service. Lors de précédents essais, Pyongyang avait mis la Chine, la Russie et les États-Unis au courant auparavant, ont-ils dit.
Les candidats à la Maison-Blanche se prononcent
Si un quatrième test nucléaire était attendu depuis longtemps, l’affirmation voulant qu’il s’agisse d’une bombe à hydrogène, un engin bien plus puissant qu’une ogive nucléaire traditionnelle, a surpris, tout comme le choix du moment pour aller de l’avant.
Pyongyang s’assure d’être à l’avant-scène de la campagne présidentielle américaine, et le candidat à l’investiture républicaine Marco Rubio a imputé les activités nucléaires nord-coréennes à l’ »échec » de la politique étrangère du président Barack Obama. Le rival de M. Rubio, Donald Trump, soutient qu’il en revient à la Chine de régler ce qu’il qualifie de « problème » nord-coréen, et que si Pékin n’obtempérait pas, les États-Unis « rendront le commerce très difficile pour la Chine ».
La Corée du Nord tente depuis longtemps d’obtenir une reconnaissance diplomatique de la part de Washington, mais considère aussi son arsenal nucléaire comme étant essentiel pour assurer la survie de sa dictature, qui en est à la troisième génération.
« Avec l’Iran qui est hors course, les Nords-Coréens se sont placés eux-mêmes en tête de l’ordre du jour en matière de politique étrangère, en ce qui concerne les États qui représentent une menace pour les États-Unis », estime Michael Madden, un expert sur le leadership de l’État ermite.
L’engin nucléaire avait une charge explosive d’environ six kilotonnes, selon le bureau d’un parlementaire sud-coréen siégeant au comité des services de renseignement – soit environ la même taille que le précédent test nord-coréen. « En raison de l’ampleur de l’explosion, difficile de croire qu’il s’agit d’une vraie bombe à hydrogène », mention ne Yang Uk, un chercheur au sein du Forum coréen de défense et de sécurité.
« Ils pourraient avoir testé un engin à mi-chemin entre la bombe A et la bombe H, mais à moins qu’ils n’offrent des preuves flagrantes, il est difficile de les croire. »
L’agence américaine responsable de la surveillance des tremblements de terre a signalé un séisme de magnitude 5.1, séisme qui, de l’avis de la Corée du Sud, se trouvait à 49 kilomètres du site de Punggye-ri, où le régime a effectué des tests par le passé.
Le plus récent test pourrait représenter une avancée pour la technologie nucléaire nord-coréenne. L’affirmation voulant que l’ogive ait été miniaturisée, ce qui permettrait de la place dans un missile, représenterait aussi une nouvelle menace pour les États-Unis et ses alliés dans la région, le Japon et la Corée du Sud.
Rencontre aux Nations unies
De son côté, la Maison-Blanche a dit ne pas être en mesure de confirmer les revendications de miniaturisation nord-coréenne et la tenue d’un test d’une bombe à hydrogène, mais a ajouté que les États-Unis répondraient de façon appropriée aux provocations, et défendraient leurs alliés.
Le premier ministre Shinzo Abe a assuré que le Japon répondrait fermement au défi de la Corée du Nord face à la non-prolifération nucléaire. « Le test nucléaire nord-coréen est une grave menace envers notre sécurité nationale, et nous ne pouvons absolument pas le tolérer », a-t-il déclaré à la presse.
Séoul a indiqué qu’elle adopterait toutes les mesures possibles, y compris d’éventuelles sanctions onusiennes, pour s’assurer que Pyongyang paie le prix après son quatrième test nucléaire.