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Martin Shkreli, un entrepreneur dans le domaine pharmaceutique et ancien gestionnaire de fonds spéculatif ayant été largement critiqué pour avoir fait bondir le prix de certains médicaments, a été arrêté jeudi matin par les autorités fédérales américaines, rapporte le New York Times.
L’enquête, en lien avec laquelle M. Shkreli a été accusé de fraude, concerne son temps passé comme gestionnaire de fonds spéculatif, en plus de sa direction de la compagnie biopharmaceutique Retrophin – et non pas la controverse entourant l’augmentation des prix des médicaments qui en a fait l’une des personnes « les plus détestées du Web ».
M. Shkreli, âgé de 32 ans, est aujourd’hui le président et le fondateur de Turing Pharmaceuticals, qui a attiré l’attention pour avoir acheté un médicament en circulation depuis des décennies et en avoir fait bondir le prix de 13,50 $ US à 750 $ US le comprimé, le tout sans avertissement.
L’homme a été arrêté dans son appartement de Manhattan, selon une source oeuvrant au sein des autorités, qui a réclamé l’anonymat. Des procureurs fédéraux de Brooklyn devaient tenir une conférence de presse, plus tard jeudi, pour donner plus d’informations sur les accusations. Evan Greebel, un avocat de la firme Kaye Scholer ayant travaillé avec M. Shkreli, a lui aussi été arrêté jeudi matin. Un porte-parole du cabinet d’avocats n’a pas voulu commenter l’affaire.
En 2011, alors qu’il gérait le fonds MSMB Capital Management, M. Shkreli a fondé Retrophin, qui a adopté un modèle d’affaires controversé ayant attiré l’attention des autorités. L’entreprise mettait la main sur des médicaments en vente depuis un certain temps et quelque peu oubliés, souvent employés pour traiter des maladies rares, avant d’en gonfler les prix de façon substantielle. Retrophin, par exemple, a fait augmenter le prix du Thiola, employé pour soigner une maladie provocant la formation de pierres au rein, passant de 1,50 $ US le comprimé à 30 $ US. En 2012, M. Shkreli a lancé Retrophin en Bourse dans le cadre d’une fusion avec une société-écran déjà cotée.
Les accusations fédérales pourraient s’ajouter à une poursuite intentée au civil contre M. Shkreli en août par Retrophin, dont le conseil d’administration l’a expulsé de son poste de président en septembre 2014. Dans le cadre de cette poursuite, Retrophin accuse M. Shkreli d’avoir utilisé l’entreprise comme une sorte de banque personnelle pour aider à payer des investisseurs en colère ayant perdu de l’argent chez le fonds MSMB. L’une des méthodes employées, argue la poursuite, consistait à embaucher certains de ces investisseurs comme de faux consultants auprès de Retrophin.
« À partir du début de 2012, et jusqu’à ce qu’il quitte l’entreprise, Shkreli a utilisé son contrôle chez Retrophin pour s’enrichir et rembourser les revendications financières des investisseurs de MSMB (qu’il avait fraudés) », soutient la plainte de Retrophin.
Lors de précédentes entrevues, M. Shkrelin avait martelé que la poursuite de Retrophin était fausse, et n’était qu’une façon pour que l’entreprise n’ait pas à payer son indemnité de départ.