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Après Jeb, Ben, Carly et Marco, c’est l’heure de Ted dans la course à l’investiture républicaine. La droite américaine anti-Trump espère que le sénateur Ted Cruz sera capable de faire vaciller Donald Trump lors du cinquième débat des primaires, mardi à Las Vegas.
Les neuf candidats républicains les mieux placés pour l’investiture de 2016 débattront à partir de 17H30 locales à l’hôtel The Venetian à Las Vegas, dans l’Ouest américain. Le débat sera diffusé sur CNN et CNN International, et visible gratuitement sur le site de la chaîne depuis les Etats-Unis. Quatre candidats marginaux débattront deux heures et demie avant au même endroit.
En novembre, le docteur à la retraite Ben Carson a menacé l’avance de Donald Trump, mais il est aujourd’hui en chute libre dans les sondages. En septembre, une brève euphorie a saisi les soutiens de Carly Fiorina, seule femme en course, devenue inaudible. Le sénateur Marco Rubio (Floride) fut excellent lors des deux derniers débats, mais il stagne sous les 15% dans les sondages. Jeb Bush, lui, est cinquième depuis des mois.
C’est donc le tour de Ted Cruz.
Le sénateur du Texas, 44 ans, est adulé des ultra-conservateurs et du Tea Party depuis son élection au Sénat en 2012. Il est encore loin du milliardaire dans les enquêtes d’opinion nationales, celui-ci recueillant dans un sondage CNN publié lundi 41% des intentions de vote républicaines.
Selon une enquête Washington Post/ABC, 59% des républicains approuvent aussi son idée d’interdire aux musulmans d’entrer aux Etats-Unis.
Mais Ted Cruz lui fait de l’ombre dans le bastion des chrétiens conservateurs évangéliques qu’est l’Iowa, l’Etat qui lancera le cycle des primaires le 1er février, et il le dépasse dans trois sondages publiés depuis une semaine. Ces sondages, dans un petit Etat rural, ne sont guère prédictifs du futur vainqueur des primaires, mais ils éclairent la stratégie des candidats et ont peut-être poussé Donald Trump à traiter son nouveau rival d’ »un peu allumé ».
Le Texan sera placé à la gauche immédiate du milliardaire mardi.
« Le dénominateur commun est que leurs électeurs sont furieux », dit Seth McKee, professeur de science politique à l’université Texas Tech. « Cruz s’oppose à son propre parti. Il est ferme sur les principes, il plaît à ces électeurs en colère qui reprochent aux républicains d’avoir été élus et ne pas avoir fait ce qu’ils avaient promis. »
« L’idéologie avant le pragmatisme »
Ted Cruz a autrefois plaidé des causes conservatrices devant la Cour suprême et garde le verbe lent, précis et tranchant des avocats, au prix d’un manque de spontanéité lors des débats, où la prime est à la petite phrase ou au trait d’esprit improvisé lors des échanges entre candidats.
« Il est très intelligent, il a une stratégie qu’il suit avec assiduité. Il est très discipliné », analyse Bruce Buchanan, professeur à l’Université du Texas à Austin. « Ça l’a aidé jusqu’à présent de rester positif. »
Le sénateur, détesté par nombre de ses collègues du Congrès pour son intransigeance, mène une campagne classique pour les primaires, à droite toute, afin de capturer la base conservatrice. Il argue que le parti républicain a perdu les présidentielles de 2008 et 2012 parce qu’il avait investi des candidats trop modérés.
Son manque d’expérience politique – il n’aura passé que quatre ans au Sénat au moment de la présidentielle, comme Barack Obama en 2008 – n’est pas un frein pour ses partisans.
« Ils placent l’idéologie avant le pragmatisme », dit le professeur Buchanan. « C’est ce qui marche en ce moment. »
Face à ces deux candidats anti-systèmes, les républicains modérés se cherchent toujours un sauveur capable de battre Hillary Clinton, la favorite des démocrates, en novembre dans les urnes.
Marco Rubio, sénateur de Floride d’origine cubaine, a reçu récemment le soutien de nombreux grands donateurs influents du parti, signe que sa cote monte au sein de l’establishment, bien que comme Ted Cruz, il ait été élu au Sénat sur la vague du Tea Party.