Samedi soir, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, avait lieu la première de Roméo et Juliette, dans la version de Charles-François Gounod, créée en 1867, au Théâtre lyrique à Paris. Les autres représentations auront lieu les 22, 24 et 26 mai.
Sous la direction du chef Giuliano Carella, les principaux rôles sont répartis comme suit: Ismaël Jordi, Roméo; Marie-Ève Munger, Juliette; Hugo Laporte, Mercutio; Katie Miller, Stefano; Alexandra Beley, Gertrude; Alexandre Sylvestre, Capulet et Alain Coulombe, Frère Laurent. La mise en scène est signée Tom Diamond, et le livret est l’œuvre de Jules Barbier et Michel Carré, d’après Romeo and Juliet de William Shakespeare.
Les décors sont somptueux et l’orchestre sait se monter dramatique à souhait ou profondément lyrique. Les costumes sont aussi bien faits que les décors et la préparation du chœur donne de très bons résultats.
Bon, l’histoire est archiconnue, mais ce n’est pas une raison pour s’ennuyer. La musique est belle, certes, et la plupart des rôles-titres sont bien interprétés. Mais le cœur ne semble pas y être. Entendons-nous, cette histoire d’amour impossible est reconnue comme une des plus dramatiques de l’histoire de la littérature. Eh bien, on ne le sent pas. Le drame n’a d’égal que la frivolité et cet équilibre vient réduire à peu de chose la crédibilité du désespoir des tourtereaux. Les tentatives d’humour du livret, particulièrement lors de la scène d’adieux, juste avant l’exil, ne laissent pas le choix aux chanteurs. Ils doivent tenter d’être abattus alors que le texte vire quelque peu au burlesque. D’ailleurs, les intonations « à l’italienne » d’Ismaël Jordi ne cadrent pas très bien avec le ton plus français est autres interprètes. Malgré cela, Jordi se démarque autant par la couleur, et la puissance que par la justesse de sa voix. Quant à Mme Munger, qu’on nous a annoncée comme étant indisposée, elle a livré une prestation très correcte et il nous tarde de l’entendre alors qu’elle est en pleine forme.
Deux autres voix ont attiré mon attention, celles de Katie Miller, dans le rôle du page, très coulante et taquine à souhait, ainsi que celle d’Alain Coulombe, très, mais vraiment très puissante dans les graves: c’est la marque de l’expérience, et sans doute de beaucoup de travail.
En complément:
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