Dans l’Écosse de l’après-guerre, Douglas Brodie, ancien policier devenu soldat, puis reconverti en journaliste après sa démobilisation et un passage par la dépression, est confronté à un gang de justiciers s’en prenant aux bandits ayant échappé au système judiciaire.
Deuxième roman d’une quadrilogie écrite par Gordon Ferris et mettant en vedette ce Brodie endurci par la Deuxième Guerre mondiale, Les justiciers de Glasgow dépeignent une Écosse libérée de la menace nazie, soit, mais qui se retrouve également aux prises avec une société à rebâtir. Modernisation de l’économie, accroissement des inégalités, mais aussi sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics. Et c’est là que surgissent les justiciers, qui gagnent rapidement l’appui d’une population aux abois en ciblant les criminels qui échappent à la justice grâce aux bons soins de leurs avocats.
Fondamentalement, Brodie a soif de justice. Après tout, notre homme n’a pas fait la guerre, échappé au piège de Dunkerque, puis reconquis le Reich allemand morceau par morceau, de l’Afrique du Nord aux plages de Normandie, pour revenir chez lui et observer tranquillement les criminels s’emparer de la société écossaise. Alors quand les fieffés coquins se retrouvent à l’hôpital après avoir été sérieusement passés à tabac par les mystérieux justiciers, notre journaliste reconverti sourit en son for intérieur. Par contre, le policier et le reporter en lui refusent de laisser des criminels se substituer à l’État de droit et se faire justice eux-mêmes.
S’enclenche alors une importante enquête visant à mettre un visage, puis un nom sur ces justiciers masqués. Ladite enquête finira par en croiser une autre, alors que des conseillers municipaux en charge d’un gigantesque projet de reconstruction et de modernisation de Glasgow disparaissent violemment les uns après les autres.
Les conflits moraux des principaux personnages sont d’ailleurs les fondations de ce roman. Point de chevalier en armure, point de héros sur son blanc destrier, champion du bien et du mal. L’univers des Justiciers de Glasgow est glauque. La population, épuisée par six années de conflit mondial, semble croire que la violence demeurera à jamais omniprésente, sans possibilité d’échappatoire. Comme si la guerre déclenchée par les nazis avait fait disparaître toute la bonté du monde.
En ajoutant une nouvelle pierre à l’édifice Douglas Brodie, Gordon Ferris livre un point de vue particulièrement intéressant sur le difficile retour à la vie civile pour les soldats démobilisés. Plongés dans l’horreur et la guerre pendant des années, ceux-ci éprouveront forcément des difficultés à se réintégrer à la vie « normale » par la suite. À condition que cette vie normale n’implique pas d’appels au lynchage…
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