Ulysse, c’est la quête, c’est l’errance, le désir du retour à la maison et Dominique Porte arrive bien a nous mettre dans cet état d’esprit avec «Ulysse, nous et les sirènes», la toute nouvelle production présentée en première le 4 février dernier, à la 5e salle de la Place des arts.
C’est une mécanique bien huilée que nous offrent les quatre interprètes, tout d’abord dans une espèce de pas de quatre où tous semblent vouloir se toucher, se caresser, sans jamais même se toucher. Puis s’enchaînent de nombreux tableaux où on sent que le pauvre Ulysse est de plus en plus démuni, voire perdu, sans doute à cause du chant intermittent mais pour le moins envoûtant des deux sirènes, Isabelle Ligot et Nadine Medawar. À un certain moment, il n’y a pas qu’Ulysse qui soit un peu perdu, le spectateur aussi peut se demander où il en est, compte tenu de certaines répétitions et longueurs.
À part la musique, le chant et les bruits de vague, aucun décor, qu’un espace blanc et des éclairages. Mais pourquoi aurait-on besoin d’un décor quand les corps disent tout, que le geste parle, soutenu par une musique savamment calculée pour s’ajuster à l’œuvre comme un justaucorps.
Nonobstant quelques influences, peut-être de Marie Chouinard et même, un court moment, d’Édouard Lock, on sent qu’on évolue dans un univers très «Dominique Porte». La chorégraphe a bien en main la maîtrise de cette odyssée et ne se gène pas pour en demander beaucoup à ses danseurs, particulièrement dans des mouvements lents et des immobilités défiant les lois de la gravité.
Et à la fin, tout se précipite, on touche la terre ferme avec un pas de deux tellement intense, admirable et fusionnel qu’on aurait envie de le nommer « pas de un ». De quoi s’assurer du sauvetage des quelques spectateurs qui auraient quitté le navire pour un moment.