La commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Jennifer Stoddart, s’est faite hier rassurante face aux dossiers pouvant mettre en danger la vie privée des Canadiens. Prenant la parole lors de la soirée d’ouverture du Colloque sur la protection des renseignements personnels à l’UQAM, Mme Stoddart a soutenu que « les principes qui soutiennent les droits individuels sont constamment menacés », et s’est dite insultée de l’utilisation du discours sécuritaire national pour diminuer les droits de protection des données personnelles des citoyens.
Ce colloque, sous le thème On nous fiche, ne nous en fichons pas!, visait à examiner en détail la problématique de la protection des données personnelles, particulièrement sur Internet, où la multiplication des plates-formes de diffusion complique la tâche des organismes de protection de la vie privée. La veille de son allocution, la commissaire à la protection de la vie privée a d’ailleurs lancé une vaste consultation sur la numérisation des activités sociales et commerciales et l’impact qu’a cette mutation sur les consommateurs.
Mme Stoddart a cependant quelque peu délaissé l’aspect informatique du problème pour se concentrer sur deux événements d’actualité, soit l’affaire des scanners personnels dans les aéroports et les Jeux Olympiques de Vancouver. Au sujet des premiers, la commissaire à tenu à rectifier certaines craintes quant à l’utilisation qui serait faite des images des passagers passant dans l’appareil. Rappelons que ce nouveau type de machine, fonctionnant à l’aide d’ondes millimétriques, permettrait d’obtenir une image complète du corps d’un individu, et ce malgré la présence de vêtements. Toutefois, selon Jennifer Stoddart, les images ne seraient pas assez précises pour identifier clairement un individu. « On est bien loin des scénarios des caricaturistes », a-t-elle indiqué.
L’installation de ces appareils – déjà testés quelques mois avant l’attentat raté de Noël au-dessus de Detroit – reçoit d’ailleurs l’aval du Commissariat, puisque le processus répond aux quatre critères d’évaluation. S’agit-il d’une mesure nécessaire? Est-ce une mesure efficace? L’atteinte à la vie privée est-elle proportionnelle aux avantages de cette mesure? Existe-t-il un moyen moins envahissant? À toutes ces questions, Mme Stoddart affirme que les normes et règles du Commissariat de la protection de la vie privée sont respectées, et que l’utilisation de ces scanners sera surveillée par les instances règlementaires du Commissariat.
De la surveillance et des Jeux
Quant aux Jeux Olympiques de Vancouver, qui doivent débuter sous peu, la commissaire a dit comprendre les « défis sans précédent » au niveau de la sécurité, tout en soulignant que cette sécurité devra s’exercer dans le respect des valeurs canadiennes entourant la protection de la vie privée. Citant l’exemple grec où les caméras de surveillance installées pour les J.O. d’Athènes en 2004 sont demeurées en fonction après les Jeux, allant jusqu’à causer des démissions au sein de l’organisme de surveillance, Jennifer Stoddart a longuement insisté sur la nécessité d’ « introduire des limites et de la transparence dans le procédé de collecte des données ».
En guise de conclusion, elle a mis en garde contre la tentation d’accepter la surveillance étatique comme faisant partie de l’ordre naturel des choses. Déplorant la « divulgation compulsive sur les réseaux sociaux », Mme Stoddart a dit espérer que la Loi sur la protection de la vie privée soit modifiée en fonction de l’évolution de la situation. Avec le questionnement soulevé par la modification des conditions d’utilisation du site de réseautage social Facebook, dont les nouveaux réglages par défaut pourraient permettre une plus grande accessibilité à des données jugées privées, la commissaire n’est sans doute pas au bout de ses peines.