Le réalisateur Philippe Godeau nous entraîne dans l’histoire vécue du journaliste Hervé Chabalier dans son combat contre la dépendance à l’alcool, interprétée ici avec profondeur et puissance par François Cluzet.
L’alcoolisme est un thème récurrent au cinéma, preuve irréfutable de l’omniprésence de ce qui est considéré comme un fléau, du moins lorsque l’alcool est consommé en trop grandes quantités. Alors, lorsqu’il s’agit de traiter de ce problème social et médical au grand écran, il faut véritablement percer le « quatrième mur » et aller chercher le public. Et c’est ce que réussit Philippe Godeau dans Le dernier pour la route, une adaptation cinématographique de l’autobiographie d’Hervé Chabalier, journaliste au Nouvel Observateur.
Se retrouvant en cure de désintoxication après s’être dangereusement enivré suite à la mort de son père, Hervé (Cluzet) devra réapprendre à vivre sans sa boisson, le poison qui détruisait à petit feu sa vie, mais aussi celle de sa femme et de son fils. En isolement complet pendant cinq semaines, il se liera d’amitié avec les autres malades, et apprendra petit à petit à voir la vie sous un autre angle.
L’intérêt du Dernier pour la route, cependant, ne réside pas dans les relations entre Cluzet et les autres acteurs, mais dans le combat qu’il livre contre lui-même. Journaliste, Hervé porte un lourd fardeau, celui de l’idéalisme journalistique qui se heurte à la dure réalité de la vie. Godeau dresse ici un difficile – mais nécessaire – constat: être journaliste signifie avoir ce besoin inassouvissable de se tenir informé, de se donner à fond pour son métier, sans prendre le temps de penser à soi ou aux autres. Tout passe dans le métier, même la santé.
D’ailleurs, cela se voit dans une courte scène du film; alors que les autres pensionnaires dansent à l’extérieur, Hervé rentre à l’intérieur de la maison de cure pour mieux entendre les nouvelles sur un attentat terroriste à Bali; même dans un endroit où il doit se déconnecter de son ancienne vie, il n’y arrive pas.
Le dernier pour la route est un bon film, dans le sens où l’homme en ressort finalement grandi, mais tous ses problèmes ne sont pas pour autant réglés. Simplement, l’alcoolisme est un fardeau de moins à porter.
3,5/5