L’oeuvre est plusieurs fois centenaire, mais charme toujours. Et c’est émerveillés que les spectateurs sont ressortis de la première représentation de La Flûte enchanté, de Mozart, donnée à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts.
L’intrépide Tamino, prince d’un lointain royaume, s’égare dans une étrange contrée, et doit bientôt partir à la rescousse de Pamina, princesse et fille de la Reine de la Nuit. Gare, cependant, au cruel roi Sarastro, qui garde la belle en otage! Accompagné du quelque peu simplet Papageno, oiseleur de son état, le Prince Tamino devra affronter moult dangers afin de sauver celle dont il est tombé fou amoureux. Les apparences sont néanmoins parfois trompeuses…
L’ultime chef-d’oeuvre du maître Mozart pourrait être caractérisé de plusieurs façons: conte initiatique, histoire pour enfants, voire opéra maçonnique… La Flûte enchantée est cependant tout cela, et bien plus. C’est également une pièce particulièrement connue, et une immense source de symbolisme visuel et musical. L’Opéra de Montréal offrait donc samedi soir une création du San Francisco Opera, et le chef Alain Trudel aura magistralement réussi son pari, celui de présenter un opéra-bouffe à la fois accessible et complexe.
Opéra-bouffe, certes, car si l’on entend et voit très bien la rigueur toute allemande du compositeur, le tout est parsemé de nombreux traits d’humour qui viennent donner à cette histoire de quête initiatique un aspect populaire rafraîchissant. Papageno, compagnon du héros, voit d’ailleurs dans la quête de Tamino l’occasion de se remplir la panse et – pourquoi pas – trouver une gentille demoiselle à séduire. Le baryton Aaron Saint-Clair Nicholson, qui interprète l’oiseleur, offre ici une performance fantastique, variant les intonations et les émotions pratiquement à chaque couplet. Son jeu est aussi à la hauteur de son talent vocal; cet artiste sait jouer et chanter, et il ne se gêne pas pour le montrer.
Autre performance, tout simplement magistrale, celle-là, de la soprano Aline Kutan, qui joue le rôle de la Reine de la Nuit. Cette dernière, qui a vu sa fille Pamina se faire kidnapper par Sarastro, possède une voix incroyable, et son solo à la seconde moitié du spectacle est littéralement renversant. Chapeau!
Sarastro lui-même, enfin, joué par Reinhard Hagen, impressionne par sa prestance et sa capacité à s’imposer sur scène; la puissante et profonde voix de basse de l’artiste a littéralement fait vibrer le public.
La Flûte enchantée fait partie de ces opéras à voir et à revoir: les chants, mais aussi les décors – conçus par David Hockney, qui a vu sa création immortalisée sur pellicule en 1991 – et bien entendu la musique, tout est prétexte à émerveillement, pour les petits, mais également les grands.
À voir – et entendre! – absolument.
Jusqu’au 21 novembre à la Place des Arts de Montréal